L'Art du Gandhara
Reflet de l'Histoire,
AU CARREFOUR DE
CULTURES,
L’ART DU GANDHARA
D’une rencontre naquît un Art original emprunt de sérénité et de respect…
Gandhara était une région, une simple région, un peu aride, un peu inhospitalière et montagneuse.
Des hommes aux cultures différentes et aux passions communes changèrent cet hostile territoire en un Art tout de douceur et d’harmonie, l’Art du Gandhara naissait.
Nous sommes à la frontière nord-ouest de l’Inde, dans un territoire montagneux qui couvre les Etats actuels du Pakistan et de l’Afghanistan, le long de la voie caravanière, ou Route de la Soie, qui reliait l’Occident à la Chine et aux plaines de l’Asie centrale.
Alexandre le Grand
(Né à Pella, Grèce (Macédoine) le 21 juillet -356 av. JC ; Mort à Babylone, Mésopotamie (Irak) le 13 juin -323 av.JC), l’infatigable roi de 20 ans, intelligent, beau, brutal et incroyablement volontaire parcoure le monde.
Victorieux de nombreux combats, il parvient à conquérir un immense empire allant de la Grèce à l’Inde.
Dès lors, le surnom de Grand lui est donné à la suite de ses succès militaires dit-on, gageons pourtant qu’il lui revint également en reconnaissance de l’extraordinaire diffusion de l’immense culture Grecque hors de ses frontière primitives.
La longue conquête durera dix ans et fera parcourir à Alexandre plus de 10 000 km à pied, à Alexandre et à ses troupes soldatesques autant que civiles car c’est toute une culture, toute une civilisation, qui se déplace, militaire, administrative et artistique.
C’est toute la Grèce qui est en marche, derrière le Grand monarque.
Au printemps 327 avant J.C, Alexandre avance avec une armée, pour ne pas dire une ville, de 120 000 personnes vers les vallées de l’Indus.
En 326 avant J.C il arrive à la limite du Royaume Perse. Le roi Poros veut empêcher les Macédoniens de franchir le fleuve. Ses troupes, renforcées par des éléphants, affrontent violemment celles d’Alexandre mais finissent par s’incliner. Alexandre prend alors possession de tout le Pendjab. De cette installation naîtra l’implantation de la culture Grecque dans la région. Intelligent, Alexandre sait vaincre par les armes autant que par la diplomatie et il utilisera même l’Amour pour tenter d’établir durablement la présence Grecque.
Ainsi, arrivé dans le Golfe Persique, Alexandre organise des noces massives, ses soldats épousent des femmes Perses et lui, prend pour femme, une fille de Darius. Autre exemple, il décide plusieurs mesures politiques, comme l’intégration de jeunes nobles Perses dans la garde royale, jusqu’alors réservée aux seuls nobles macédoniens.
Quant à l’Art, il deviendra à son tour, un lien étroit entre les populations soumises et la victorieuse Grèce.
A Babylone, en Mésopotamie (actuel Irak) le Roi fut frappé par une forte fièvre qui l’emporta en une dizaine de jours. Le grand maître de la Grèce, de l'Egypte et de l'Asie, s’éteint le 13 juin 323 avant J.C à l’âge de 33 ans.
L’immense Empire qu'Alexandre a conquis en une décennie seulement ne lui survivra pas. Dès sa mort, il sera partagé entre ses généraux.
Le mythe du conquérant est né et sera entretenu par les historiographes occidentaux mais aussi orientaux.
Voulant être considéré comme un dieu, Alexandre y est, pour ainsi dire, parvenu puisqu’il a réussi à figurer dans deux des grands livres saints, la Bible et le Coran…
L’héritage d’Alexandre, aujourd’hui est indissoluble de la fusion des cultures Grecque et Orientale qui donnèrent naissance au remarquable Art du Gandhara.
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Art singulier aux origines plurielles
L’Art du Gandhara, et plus particulièrement la statuaire, nous offre le témoignage unique de deux cultures qui se mêlent en se respectant mutuellement.
Cet Art atteindra son apogée lorsque la région deviendra une sorte de terre sacrée du Bouddhisme.
Dans les monastères et les villes, dont ne subsistent aujourd’hui que des ruines, fleurit ce très grand Art qui s’exprime surtout dans une riche production statuaire à la profonde inspiration religieuse. Ce sont ces sculptures multiples qui seront à l’origine des premières représentations anthropomorphes de Bouddha, qui connaîtront, par la suite une large diffusion dans toute l’Asie, auparavant, Bouddha était représenté sous les formes symboliques d’une roue ou d’empreinte de pieds.
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L’Art Gréco-Bouddhiste
ou la représentation humaine de Bouddha et des Bodhisattva-s (*)
C’est au début de notre ère, dès le 1er siècle, qu’apparaissent les toutes premières représentations d’un Bouddha humain au Gandhara, autour de Peshawar, au Pakistan actuel, et peut-être dans les régions voisines, comme en Afghanistan, où la forte présence de l'hellénisme des siècles précédents demeurait fort influente.
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La riche tradition statuaire issue du monde méditerranéen apporta des solutions aux sculpteurs qui voulurent représenter Bouddha. En effet, dans le reliquaire de Bimaran, daté du tout début de notre ère, Bouddha est représenté en train de marcher, comme un moine itinérant. Il devint donc nécessaire de rechercher l'expression du mouvement et de la vie.
Or, les sculpteurs Grecques étaient passés maîtres dans le positionnement des pieds et des déhanchements, aussi bien que dans le traitement du drapé des vêtements qui amplifie le mouvement et dans le rendu de la dissymétrie qui donne vie au corps et au visage. Aussi, les artistes du Gandhara s’en inspirèrent-ils grandement avec, pourtant, l’abandon du mouvement au profit de la frontalité et de la symétrie, alors que le hanchement et l’inclinaison de la tête pourront être conservés.
Le plus remarquable dans cet art tient au traitement du drapé des vêtements, tout de souplesse et de grâce, qui confère à ces représentations une indéniable élégance et une présence particulièrement vivante.
Les canons de l’Art Gréco-Bouddhique du Gandhara, pour multiples qu’ils soient, trouvèrent, probablement leur mise au point avec le consentement des religieux au cours du 1er siècle, ils furent généralisés et devinrent les modèles pour les représentations de Bouddha debout. On retrouve ainsi le corps de Bouddha immobile, frontal, pieds parallèles dans la sculpture.
Un peu plus tard sera également représenté le Bouddha assis en " dhotî ", les mains l'une dans l'autre posées sur les genoux ou encore présentant le geste d'absence de crainte, autrement dit, la main droite levée. Puis le Bouddha sera sculpté dans sa robe monastique et la tête auréolée.
Quant au prototype du bodhisattva pensif, mis au point à la fin du 1er siècle à partir de la tradition Grecque, appliquée à plusieurs bodhisattva-s, il fut généralisé dans tout le monde gréco-bouddhique puis au-delà jusqu'au Japon, à partir du VIIème siècle. Il semble acquis que toute cette statuaire devait être peinte, certaines pièces conservent encore des traces, parfois importantes, de polychromie. Plusieurs fragments de fresques ont été préservés qui trouvent leurs échos dans les peintures murales, conservées par le climat sec du désert du Taklamakan, dans les oasis de la Route de la soie.
L’Art du Gandhara aujourd’hui
Durant plusieurs centaines d’années après la mort du Bouddha, au Vème siècle av. J.C., sa représentation était proscrite et son histoire ainsi que son enseignement demeuraient du domaine du verbe mais, aux début de l’ère chrétienne, les premières représentations humaines du Bouddha furent réalisées au Gandhara, par la magnifique fusion de l’Art Grec, importé par Alexandre le Grand, quelques 300 ans plus tôt, et de l’inspiration Bouddhique.
Avant 2001 - Après 2001
Malheureusement, une nouvelle crise iconoclaste, cette fois uniquement due à l’obscurantisme et au fanatisme religieux des talibans, entraîna, en 2001, la destruction des immenses Bouddhas de Bamiyan, l'une des réalisations les plus spectaculaires de cet art.
Les bouddhistes, aujourd’hui encore, utilisent un stade intermédiaire de représentation symbolique utilisant des gestes conventionnels (les mudras).
Le verbe est ainsi manifesté par des gestes codifiés qui constituent un langage.
Et c’est ainsi que les statues du Bouddha nous parlent.
Encore nouvellement découvert en France, le Musée Guimet de Paris conserve plusieurs pièces représentatives de l'Art du Gandhara, comme un gracieux " Génie aux fleurs " du iiie siècle ou ive siècle, superbe illustration de l'Art Gréco-Bouddhique provenant du site de Hadda.
Aujourd’hui, l’Art du Gandhara sort parfois des musées pour être présenté aux collectionneurs, lors de ventes aux enchères, dans le respect des œuvres et des civilisations.
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(*) Bodhisattva que l’on peut comparer à un disciple, en effet, ce terme sanskrit désigne celui qui a formé le vœu de suivre le chemin indiqué par le Bouddha, a pris le refuge auprès des trois joyaux (Bouddha, dharma et sangha) et respecte strictement les disciplines destinées aux Bodhisattvas, pour aider d'abord les autres êtres sensibles à s'éveiller tout en progressant lui-même vers son propre éveil définitif, qui est celui d'un Bouddha.